Tournant à Tol Ardor

Bonjour à tous,

La VIIIe Assemblée de Tol Ardor s'est tenue le 16 août dernier à Tilhouse, et ceux que ça intéresse pourront trouver le compte-rendu complet ici.

Je profite quand même de l'occasion pour vous parler d'un changement dans notre projet qui a été acté lors de cette Assemblée et qui peut concerner Nildanirmë. Vous savez que jusqu'ici, notre spécificité était de promouvoir un projet à grande échelle, seul à même à notre avis de nous permettre d'affronter avec succès la crise à venir. Nous continuons de penser que l'idée était bonne, mais devant l'échec d'une large part de ce que nous avons entrepris jusqu'à présent, nous allons réorienter notre stratégie.

Nous conservons le même but et nos fondamentaux restent inchangés, mais nous allons infléchir les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but. En particulier, nous avons décidé de réduire considérablement l'échelle de départ. Puisque ma femme et moi avions de toute manière prévu d'acheter pour nous-mêmes une maison et un terrain d'ici deux ans, nous avons décidé que ce lieu serait la première structure de ce qui deviendra, à terme, Tol Ardor. Cette première structure sera complétée, le plus rapidement possible, par plusieurs éléments : verger-potager conservatoire, rucher, atelier, laboratoire, si possible forge. Cela constituera ce qu'on pourra appeler la Base, à partir de laquelle Tol Ardor devra se développer.

Les membres de Tol Ardor sont évidemment appelés en premier lieu à participer à ce développement, que ce soit en s'installant en continuité avec la Base ou au moins en y passant du temps chaque année, selon les disponibilités de chacun. Ce sera un lieu stable, puisque pour la première fois nous serons propriétaires du terrain que nous occuperons.

Mais ce tournant peut aussi intéresser les membres de Nildanirmë. En effet, tant que vous n'avez pas votre propre terrain d'installation définitive, la Base ardorienne se proposera d'accueillir tous ceux qui le souhaiteront, dans la mesure du possible, que ce soit pour l'organisation d'événements, de stages techniques etc., voire de vous faciliter les choses pour une installation plus durable à proximité. Cela ouvre des perspectives à court terme : en effet, il est grand temps que nous agissions, sans plus nous contenter de parler.

Je me réjouis vivement de ce compte-rendu, mon plaisir à le découvrir n'étant voilé que par le fait que je n'ai pas pu vous rejoindre à l'Assemblée.

Je n'ai pas grand chose d'autre à rajouter, si ce n'est que dans les temps donnés (deux ans) je pense acheter un terrain où je suis (sud dordogne / nord lot et garonne) afin d'y installer un projet kerterre en chaux / chanvre tel que j'ai appris à les faire lors de mon stage de cet été, avec la fille de la créatrice française des kerterres.

Ce terrain serait en relation avec mes moyens limités donc certainement pas beaucoup plus étendu qu'un hectare (facilement trouvable dans d'excellents terrains pour 3000 à 4000 euros). Cela pourrait être une passerelle vers la Base, pour ceux ou celles qui seraient handicapés par la distance et qui conserveraient provisoirement des attaches plus au nord de la France.

Dans l'attente de pouvoir en discuter avec vous tous !

Notez que je peux diriger des projets kerterres si, pour le moment, je reste le seul à en avoir construit un en groupe. Mais il suffira d'en construire un autre en groupe pour que chacun puisse mener à son tour une construction de ce genre. Notez que les kerterres chaux /chanvres, si elles sont bien construites, durent des années sans entretien, et des décennies avec un entretien très modeste. L'isolation est admirable et le confort est donc excellent, san compter que l'on s'y sent vraiment très bien (rapport à la qualité des matériaux de construction mais aussi de la forme).

Je ne pense pas que les kerterres argile / herbe soient intéressantes pour le projet, sauf évidemment pour des budgets zéro.

Super, c'est vraiment enthousiasmant ! Je ne sais pas exactement de quelle surface de terrain on pourra disposer ; au début, ce sera peut-être réduit, vu qu'une bonne part du budget sera engloutie dans la maison elle-même ; mais assez rapidement, j'ai bon espoir qu'on ait un peu de terre.

Dessus, je comptais justement construire une ou plusieurs kerterres chanvre-chaux (ou une kerterre en plusieurs bulles), qui seraient destinées, par exemple, à l'accueil des visiteurs pour un séjour en assez longue durée. Mais comme on n'a aucune expérience en la matière, tes services seront appréciés pour nous diriger ! En revanche, je n'ai aucune idée du budget...

Oh, le budget est aussi sympathique que le produit fini ^-^

Pour une grande bulle, compte (pour être large) 600 euros, si tu achètes de la bonne chaux et de la bonne chanvre. Si tu connais un producteur de chanvre le budget peut un peu baisser. Mais quoi qu'il en soit, pour 400 euros de chaux et 200 euros de chanvre tu as de quoi faire une très belle kerterre.

Ce qui va se rajouter ensuite ce sont les ouvertures. L'idéal est de dessiner soi-même la porte puis la commander chez un ébéniste ou un menuisier. De même pour les fenêtres : pour des petits budgets on insère directement des verres coupés aux dimensions en magasin de bricolage, mais l'idéal est d'avoir des fenêtres rondes qui s'ouvrent. Du coup, pour bien faire les choses, tu auras davantage de budget boiseries que de budget matériaux de constructions.

Enfin, si tu veux un dôme transparent, tu peux acheter un très gros saladier incassable avec une jolie forme - cette idée-là m'avait été soufflée par Aldarvarno.

Il est également possible d'utiliser des pavés ou briques transparents, que l'on voit parfois dans les constructions hlm ou les salles de bain. C'est très économique comme source de lumière et ça existe en plusieurs couleurs, pour faire des effets si on veut, sans compter que c'est bien isolant aussi (cela peut judicieusement compléter une ou deux ouvertures plus classiques).

Eh bien c'est décidément assez encourageant, même si j'imagine que du coup, le budget "ouvertures" doit représenter 4 ou 5 fois le budget "matériaux"... Mais bon, ça reste donné pour une construction où des gens peuvent habiter plusieurs semaines.

Est-ce qu'il y a moyen d'y installer l'eau courante, voire l'électricité, de manière à ce que les occupants soient encore plus indépendants ?

Oh non, pas du tout, tout du moins pour ce que j'ai entendu. Il semble qu'il soit assez facile de trouver des menuisiers qui vont faire un excellent travail pour bien moins que cela, c'est à dire autant que le budget matériau comme je le disais (pour une porte et une fenêtre), parce que les gens qui travaillent le bois le font souvent par passion et sont ravis de faire de telles commandes, assez rares, et qui font vraiment appel à leur art.

Je te décourage tout du suite pour l'électricité, non pas que ce soit infaisable, mais parce que quand tu auras découvert ta kerterre finie, tu la trouveras parfaite avec de petits luminaires à flammes, lampes à huile ou bougies (dont les supports peuvent être prévus dans le mur). C'est une énergie différente, cela ressemble plus à un nid, à un refuge, qui semble étonnamment très vaste en comparaison des surfaces dont on a l'habitude.

Quant à l'eau courante, la méthode du siècle dernier me semble idéale, quitte à en en former les éléments chez un potier du coin. Pour la salle de bain, pour le moment ceux qui habitent en kerterre ont accès à une maison pour les douches. Mais je pense qu'il serait intéressant de créer une "bulle bain" dans sa kerterre, voire carrément une "kerterre hammam" indépendante. L'eau courante est un confort très superflu, une grosse bassine d'eau chauffée à la bonne température, avec un petit arrosoir, est finalement beaucoup plus agréable et tout aussi efficace, pour ceux qui auront essayé... Et la méthode hammam est remarquable pour se sentir étonnement propre et léger, sans utiliser beaucoup d'eau. Evidemment le mélange chaux-chanvre ne serait pas une option dans ces cas, mais une nécessité. Notons qu'on pourrait carreler l'intérieur à la manière romaine, du moins en partie.

Merci pour ces conseils. J'ai hâte qu'on puisse voir ça en détail quand on possèdera le terrain. Comme disait le Chirac des Guignols : "putain deux ans !"